Quand ça tourne au vinaigre ..

Midi, heure du crime. Une des pires heures de la journée. Car la cantine, c'était pas du gâteau.
(Trois feintes pourries en quatre phrases (le titre), qui dit mieux --' ?)
Eliacin avait quitté la salle de classe d'un pas traînant, après une interrogation que tout les élèves commentaient en ce moment même. Elle les écouta comparer leurs réponses, se plaindre ou au contraire se vanter, calculant mentalement les résultats qu'elle risquait d'obtenir. Plutôt pas mal.
Mais rien qui pouvait la mettre de bonne humeur, car - je vous le répète - il était midi. Heure où elle allait manger seule, et où les autres se sentiraient le mieux inspirés pour se moquer d'elle. Mais elle n'était pas du genre à manger dans les toilettes de l'école.
Elly fit un bref passage à son casier pour y ranger une farde où les feuilles débordaient de tout les côtés et se dirigea vers une grande et bruyante salle. Vous voyez de quoi il s'agit.
Certains élèves quittaient l'école pour aller manger chez eux, mais elle préférait encore ça.
Elle jeta un coup d'oeil au buffet. Pas fameux, comme d'habitude.

* Tu sais, tu pourrais manger dans un café, ou quelque chose comme ça .. *

* On en a déjà parlé. Je dois garder mes claks pour autre chose que ces futilités, je ne travaille pas par plaisir. *

* Mais ça t'éviterait de .. *

Elle n'écoutait plus.
Eternels désaccords entre elles deux, si elle se mettait à lui expliquer tout son point de vue, on en avait encore pour une éternité.
Eliacin prit donc son plateau, un peu à contre-coeur, attendit qu'on la serve, et chercha du regard une place vide. Ou plutôt : un banc vide. Ce qui n'est pas facile à trouver quand on est une des dernières arrivées.
Elle en repéra cependant un, dans un coin de la salle, près d'une fenêtre. Parfais.
La demoiselle s'assit donc, posant son cartable noir à bandoulière sur la chaise à côté d'elle et commença à manger - en "savourant" le moins possible - son repas.
Comme d'habitude, elle ne disait mot, et Lety non plus. Toutes deux rêvaient de tout et n'importe quoi.
La Miss aurait pu laisser ses pensées vagabonder plus longtemps, si quelqu'un ne l'en avait pas tirée. Quelqu'un caractérisé par des rires aux tables voisines.

" Hey, la crucifiée ! Y aurait pas comme un vide à côté de toi ? "

Pas de réponse de sa part. Elle n'y faisait plus attention depuis longtemps, même si ça avait le don d'agacer son legaie. Elle ne bougea même pas. Si elle réagissait à tout ce qu'on lui disait, elle n'en sortirait jamais.

" Ho ! C'est quoi ces dessins ? "

" Des patrons on dirait .. Pfff ! Avec les vêtements qu'elle porte, comment elle ose faire ça ? "

" Ha-ha ! Elle espère peut-être faire carrière ! "

Ca par contre, ça n'avait rien d'habituel.
Elle regarda en direction du banc voisin, là où cinq personnes s'amusaient bien. Deux filles et trois garçons facilement repérables, tellement ils étaient chahuteurs. Elle avait déjà eu affaire avec eux dans le passé. Juste des décervelés, rien de grave. Mais là, ils avaient piqué son cartable sans même qu'elle ne s'en rende compte et étaient en pleine fouille. Hilarité générale. Eliacin voyait rouge.

* Non ! N'y va pas ! Ca va être pire, je le sens ! *

* J'ai pas du tout l'intention de me fier à tes prédictions, madame la voyante. *

* .. Haaaa .. Fais preuve de délicatesse, au moins, je t'en prie. *

Conseil qui lui était souvent donné : elle avait tendance à être légèrement trop crue.
Notre demoiselle se leva donc, le visage plus que calme, lissant un instant les plis de son gilet noir, et se dirigea sans se presser vers les malfaiteurs.

" C'est ça que tu veux ? "

Le Cheveux-oxygénés tenait son cartable, vide, en main, souriant de toutes ses dents.

" Et mes affaires qui vont avec. "

Sa voix était neutre, calme. Délicatesse, ma vieille .. Délicatese.
Nouveau fou rire.

" Alors, voilà ! "

Âmes charitables, ils lui jetèrent tout à la figure. Les feuilles où étaient dessinés ses patrons allèrent se planquer sous les tables voisines, ses cahiers étaient maintenant sales et déchirés, son plumier était vide, et ses bics, lui ayant préalablement écorché le visage, s'écrasèrent contre le sol, se cassant par la même occasion.
Eliacin, elle n'avait pas bougé. Toujours le même visage calme, voire même je-m'en-foutiste, alors qu'elle bouillonnait de rage. Eux, ils ne faisaient déjà plus attention à elle. Le rideau était baissé, ils s'étaient bien moqués, ayant même fait rire les autres élèves présents aux allentours. Ils avaient eu leur dose pour aujourd'hui, elle pouvait se retirer maintenant.
Fini, la délicatesse. Elle n'avait jamais eu l'âme d'une diplomate, de toute façon.
La jeune fille se planta à côté de Chemise-ouverte, posant sa main sur son épaule, et chuchotant d'une voix suave.

" Laisse moi donc te remercier. "

Elle appuya de toutes ses forces sur la tête brune du jeune homme, qui se planta pile entre ses épinards et sa purée.

" Joli masque de beauté. "

Alors que toute la table était sous le choc, la regardant avec des yeux ronds comme des billes, elle prit un morceau de purée qui s'était collé sur le visage du jeune homme avec son doit, et lécha la nourriture.

" Pas assez épicé. "

Tandis que les cinq personnes étaient toujours scotchées, les autres élèves riaient comme jamais. La revanche d'une looser : magnifique spectacle.
Mais Chemise-ouverte sortit de sa léthargie, se levant d'un bon, essuyant avec son bras la purée et les épinards toujours sur son visage. Sa voix couvrit le flot d'insultes lancée par Jupe-dix-centimètres.

" Toi, tu vas payer ! "

" Fais moi peur .. "

Sourire ironique qui donna des ailes au beau brun. Il lui envoya une droite puissante, mais qu'elle évita. Résultat : quelqu'un d'autre se prit le coup.

* Là, on est fichues T__T. *

(Libre ^___^.
Comment ça, personne ne veut se prendre un poing dans la figure ? )

C'était une jeune fille. Brune, mignonne, plutôt normale en résumé. Heureusement pour elle, le poing, elle ne se l'était pas pris dans la figure, mais sur l'épaule. Quoi que, ça devait pas non plus être des plus agréables.
Eliacin, elle, était toujours tranquillement debout devant la table des chahuteurs, avec son éternel sourire moqueur aux lèvres.
Ces attaquants ne semblaient pas vouloir lâcher l'affaire, mais la jeune fille qui s'était reçu un coup plus tôt avait l'air d'avoir une forte envie de se lancer dans sa bataille.
Telle une super-héroïne, un peu kamikaze sur les bords, elle se jeta sur la troupe de décervelés. Et son legaie n'avait pas l'air de se sentir à l'aise.
Notre Gothique regardait la scène de loin. Si cette fille avait envie de se mouiller pour elle, pourquoi pas. Rares étaient ceux qui se sacrifiaient ainsi pour un inconnue. Quelle générosité.
Finalement, elle leur mis la pâtée, la petite, et les cinq idiots décidèrent qu'il était plus sage de se retirer. Parce que si ça continuait, d'autres grossiraient les rangs de chaque partit, et ça virerait en guerre d'épinard. A éviter.
Cependant, Chemise-Ouverte, en passant à côté d'elle, lui glissa un mot doux à l'oreille.

" J't'attend à la sortie .. "

Elle ne perdit pas son sourire, et lui fit même une tapette aux fesses.

" J'ai hâte d'y être. "

Elle savait qu'il ne lançait que des paroles en l'air. Mais même si il disait vrai, elle n'aurait pas pu s'en empêcher, elle adorait lancer des épines.
Puis la combattante de la justice s'avança vers elle, et lui sortit, comme tout droit sortie d'un film ..

" Ca va ? Pas trop de casse ? "

Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Geste que certaines personnes prendraient pour de la moquerie pure et dure, mais quand on connaît Eliacin, on sait que ça n'a rien à voir.

" C'est plutôt à toi qu'il faudrait poser la question, jeune héroïne en formation. "

Tout en parlant, elle se baissa pour ramasser les feuilles étalées un peu partout et les remit dans son sac. Sur le même ton amusé, elle continua son discours qui pouvait sembler étrange quand on entendait sa façon de parler pour la première fois.

" Je te remercie pour ton intervention. Mais cependant, je dois ajouter que tu n'aurais pas dû. J'ai l'habitude, moi, le monstre de ces lieux. Et tu risques d'avoir des ennuis. "

Elle ne parlait pas des décervelés, il devaient s'en ficher, mais plutôt des professeurs. N'oublions pas que nous étions dans une école, et que, oui, une certaine autorité existait. Et cette autorité s'avançait vers elles.
Vieil éducateur au visage fatigué, mais au regard encore plein de vivacité et d'autorité. Il avait assisté à la bataille, et n'avait pas l'air très content.

" Mademoiselle Walleys ! "

* Et voilà .. ! Je t'avais dit de faire ça avec délicatesse, mais tu ne m'écoutes jamais ! *

* J'ai jamais été aussi délicate ! Puis c'est pas moi, c'est la petite là qui avait envie de bastonner .. *

* Mais te connaissant, tu vas tout prendre sur toi, hein ? Ou alors inventer un mensonge rocambolesque .. *

* Y a pas à dire, tu me connais bien Lety. Entre génies, on se comprend. *

* .. Non, je crois que tu resteras toujours un mystère pour moi .. Suis-je vraiment ton legaie ? *

Elle faillit éclater à nouveau de rire, mais l'éducateur venait de se planter devant elle, alors .. Ho non, il avait l'air vraiment fâché, le vieux ..

" Walleys, je vous avais déjà dit de faire attention à votre comportement .. Déjà, que .. "

Qu'elle était hors-norme, c'est ça ?

" Et vous, qui êtes vous ? C'est vous qui avez attaqué les autres élèves ? "

Il s'adressait à la petite brunette. Et avant que celle-ci ne puisse dire un mot, Eliacin parla. Elle avait l'heureuse capacité de réfléchir extrêmement vite, et de mentir mieux que quiconque.

" Ho ! Je vais tout vous raconter monsieur ! Sachez en tout cas que cette pauvre jeune fille n'y est pour rien ! Il est sûr que c'est quelqu'un d'admirable .. ! A cheval sur les règles, moi je vous le dis ! "

* Dis, tu es sûre que tu vas t'en sortir, là ? *

* L'improvisation, c'est ma spécialité, ma chérie. *

L'éducateur regardait maintenant Elly' d'un air interrogatif, attendant la suite. La jeune fille continua sur sa lancée, avec cet air désolé sur le visage et ses yeux si .. sincères.

" Et bien voilà. Les jeunes gens qui sont partis plus tôt, ne semblaient pas apprécier la nourriture à sa juste valeur, et ils ont donc commencé à l'utiliser d'une manière un peu .. différente. Quel gâchis pour cette nourriture, que de la jeter sur d'autres élèves ! Et donc, cette petite est arrivée, et leur a demandé d'arrêter. Etant présente, je n'ai pu qu'être émerveillée par son discours sur la bonne tenue au repas, l'importance de bien s'alimenter, etc. Ils semblèrent bien décidés à l'écouter, mais, hô, malheur ! Moi qui passait par là, j'ai trébuché. D'où le désordre qu'on aurait pu prendre pour une bagarre gratuite. Voilà. "

Il sembla avoir du mal à digérer toutes ces paroles, mais avait l'air de la croire.

" Et pourquoi M. Mertill avait de la nourriture sur le visage ? "

Ce qu'il était chiant avec ses questions, lui ! Elle répondit du tac au tac, disant le premier truc qui lui passait par la tête.

" Et bien, voyez vous, c'est quand j'ai trébuché .. je me suis accrochée à lui, et .. Paf ! Sa tête s'est écrasée sur le plateau. Puis la table à bougé, et tout le monde était très étonné, alors .. ! Halala ! Tout c'est passé si vite .. ! "

Suivit d'un grand sourire commercial. C'était dans la poche. Quoi qu'elle dise, si elle avait l'air crédible, elle avait une chance. Une grande chance, même.
De plus, c'était une élève aux notes extrêmement élevées, alors ça jouait en sa faveur.

" Est-ce la vérité, mademoiselle Daidoji ? "

Plus qu'à espérer que l'autre était forte pour raconter des bobards, sinon elle récolterait plus qu'une simple heure de colle.

Ouais, OK, elle mentait vraiment comme un pied. Non, même un pied aurait pu faire mieux. Ses paroles faisaient sourire, elle étaient bien trouvées, mais pour ce qui était du ton de la voix, c'était sérieusement à retravailler.
Enfin, l'éducateur laissa quand même passer ça, et même si il était septique, leur dit la conclusion suivante :

"C'est bon pour cette fois, filez et que ça ne se reproduise plus ! "

Ce qui pouvait prêter à rire quand on sait que c'est lui qui disparut de leur champs de vision.
Un peu soulagée que les capacités à mentir de cette Daidoji ne soient pas pires, Eliacin ramassa les dernières affaires qui étaient tombée à terre avec un fin sourire sur les lèvres en repensant à ce qui s'était passé. Elle s'était attendue à ce que la brunette parte, maintenant que l'affaire était close, mais non, elle resta là. Et semblait bien décidée à en savoir plus sur elle, vu le nombre astronomique de questions qu'elle lui posa. Questions auxquelles elle allait tenter de répondre, si elle se souvenait déjà sur quoi elles portaient.
Et malgré son air détendu, elle restait ..

* Pourquoi me demande-t-elle tout ça ? Puis comme si elle savait pas ce que me voulaient ces gens ! J'suis la fille la plus tristement connue de l'école .. Elle doit avoir un sale truc en tête. *

* Redescends sur terre, Elly' ! Si elle t'as aidé dès le début, elle va pas changer de trajectoire ! *

* Toi et tes métaphores à la con .. On la connaît pas cette fille, on ne sait jamais. Oui .. Si ça tombe, tout ça était un plan élaboré dès le début ! Elle est pourtant si jeune, ils sont précoces de nos jours ! *

* Bon, OK, j'abandonne. *

Et oui, elle restait bien une paranoïaque dépressive se faisant toujours des films, mais pas comme ces gamines qui rêvaient de sortir avec un garçon ou de posséder le dernier vêtement à la mode. Non, dans ses films à elle, il y avait la plupart du temps du sang et de la méchanceté. Et quand elle était bien partie, on avait souvent droit aux organes et boyaux en tout genres. On ne change pas les gens.
Notre demoiselle laissa cependant toutes ces suppositions dans un coin de sa tête, préférant ne pas s'encombrer de pensées pour le moment. Elle devait faire la causette, là.

" Et bien comme tu as dû l'entendre, je me nomme Mademoiselle Walleys. Mais très peu pour moi, appelle moi Eliacin. Ou même Elly' si tu trouves ça mignon, ou que tu as du mal à retenir mon prénom. "

Ce qui était arrivé nombre de fois. Même à Osiron, son prénom était très rare.
Elle ne présenta pas son legaie. De toute façon, la petite ne parlerait pas avec Lety, donc ça n'avait rien d'impoli de sa part.

" Tu ne sais pas ce qu'ils me voulaient ? C'est étonnant pourtant .. Je suis bien connue pour être un sujet d'amusement constant. Y en a qui ont le passe-temps de se foutre de la gueule des autres. "

Même si sa voix était neutre, ses yeux, eux, lançaient des éclairs. Oui, elle était habitée à ces traitements, mais ce n'est pas pour autant qu'elle ne trouvait pas ça révoltant. Mais que faire contre une bande de dégénérés pareils ? Attendre que ça passe.

" Mais je ne vois pas dans ton regard le moindre dégoût de mon accoutrement. C'est peut-être pour ça que tu n'as pas compris. Puis ton visage semble assez jeune, aussi. Tu as quel âge ? D'ailleurs, tant que j'y suis avec les questions, comment tu t'appelles ? J'ai pas une folle envie de te nommer par ton nom de famille. "

Tout en attendant la réponse, ou plutôt les réponses, elle se rassit à sa place, et joua un instant à faire un volcan de purée avec sa fourchette. Comme magma, les épinards. Qu'allait-elle donc faire avec les morceaux de viande .. Peut-être des petites maisons, englouties sous la lave. Voilà. C'était encore plus appétissant comme ça.

" Je veux bien rester en ta compagnie, si tu n'as pas peur de subir de joyeuses moqueries par après. Mais d'abord, il faut que je finisse ce délicieux repas. J'ai besoin de fer, même si j'aurais plutôt plaidé vitamines, potassium, calcium .. Puis eau surtout. "

Elle mangea une bouchée de nourriture, puis reposa sa fourchette dans l'assiette.

" Finalement, non. je vais me contenter du produit aux valeurs nutritionnelles elles aussi très intéressantes .. Le muffin ! "

Et oui, seul truc plus ou moins mangeable de cette belle journée ensoleillée - et heureusement, elle détestait les paillettes roses.

La jeune demoiselle se présenta donc. Aprilia. Et quatorze ans, ça, elle s'en doutait un peu. Son visage était jeune, mais elle n'aurait pu lui donner un âge exact.
Mais ce qui suivit la scotcha littéralement sur place. Savait-elle lire dans les pensées ? Sur son visage, rien n'avait pourtant laisser apercevoir que de nombreuses questions et déductions absurdes avaient traversées son esprit. Paranoïa oblige, elle se demanda si cette petite Aprilia ne possédait pas un lecteur de pensées. Ha .. Les jeunes ..
Et elle continua sur sa lancée, lui disant qu'elle détestait ceux qui cachaient ce qu'ils pensaient réellement. Elle n'avait rien à craindre, elle était plutôt franche dans son genre, mais déballer ses pensées morbides, c'était pas non plus son truc. Mais si l'autre avait l'estomac bien accroché, pourquoi pas ?

" Je ne vois pas non plus pourquoi j'éprouverais du dégout envers tes vêtements, après tout, chancun son style. Et si je t'ai demandé ce que te voulais ces imbéciles c'est parce que parfois ils emmerdent les gens pas seulement pour s'amuser mais parce qu'ils leurs reprochent un truc en particulier. Pour finir, les moqueries ne me font pas peur. "

Et bien ! Elle était directe, elle !
D'abord un peu étonnée, Eliacin haussa légèrement les sourcils. Un sourire finit par éclairer son visage, et elle aurait bien rit aux éclats si Aprilia n'avait pas continué à parler.
Oui, elle l'aimait bien, cette jeunette. Ca changeait des fréquentations habituelles.

* C'est rare, des gens comme ça. *

* En effet, j'ai hâte de voir la suite. *

* Tiens, tiens, on arrête la dépression ? *

* Chuut .. Je met ça de côté, je te signale qu'elle peut lire dans les pensées. *

* .. N'importe quoi --' .. *

Je disais donc, Aprilia continua de parler, se présentant d'une manière plutôt étrange à vrai dire. Mais pas du tout ennuyante. Elle le lui fit d'ailleurs comprendre en un simple regard alors que l'autre lui lançait un sourire embarrassé.
Puis, elle suivit son idée géniale de manger le muffin, ce que Eliacin avait déjà commencé à faire. Elle arrachait avec ses doits des morceaux de la sucrerie pour ensuite les manger. Ca avait un léger goût de chimique, mais dans une école, il fallait s'y attendre. Mais bon, c'était toujours mieux que rien.
La demoiselle en noir sentit alors que c'était à son tour de se présenter, mais elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle avait l'impression de se retrouver dans une de ces rencontres organisées, où on a cinq minutes pour voir si on peut s'entendre avec l'autre. Impression qui s'en alla rapidement pour laisser place à une autre : quand on est interrogé, que la réponse nous échappe, et que tous les regards sont tournés vers nous.
Hum. Il fallait arrêter de dérailler, là. Reprend toi, ma vieille.
Elle finit par prendre la parole, faisant une légère moue car elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait bien dire.

" Moi j'ai seize ans. J'étudie dans la découverte de la planète et je travaille aussi pour me faire de l'argent. Généralement je l'utilise pour confectionner des vêtements, j'adore ça. Habituellement je traîne dans le parc, je n'aime pas rentrer chez moi, et c'est un lieu très calme, très beau. Puis .. Heu .. Je suis plutôt du genre maniaco-dépressive, il paraît, et j'ai une façon de parler et de vivre qui ne doit pas être appréciable vu le nombre astronomique d'ennemis que je possède. Mais j'm'en fous complètement. Puis .. Franchement, je crois que c'est déjà pas mal ce que j'ai dit ! "

* Ma pauv' vieille, c'est quoi cette façon de se présenter ? *

* Je fais c'que j'peux ! Vas-y, essaye un peu, et tu verras ! *

* Bonjour, je me nomme Letiby, mais on m'appelle Lety. Je suis un legaie joyeux, plutôt belle fille, non ? regardez donc mes môgnifiques cheveux ! Puis j'aime bien écouter de .. *

* Quand je disais " essaye un peu ", c'était une façon de parler .. *

Sur cette pensée, elle se leva tout en mettant son sac à bandoulière sur son épaule.

" Moi j'ai fini. Je vais aller ranger mon plateau. Alors ne t'inquiète pas : je ne te fuie pas. "

Elle lui fit un clin-d'oeil tout en se dirigeant là où ils servaient les repas. Habituellement, les élèves laissaient tout simplement leur plateau sur la table où ils avaient mangé, alors qu'il leur était pourtant dit de les mettre sur la table vers laquelle Eliacin se dirigeait. C'était plus simple pour ceux qui travaillaient. Les autres s'en foutaient, mais la demoiselle aussi devait faire le ménage, alors elle était plus sensible à ce genre de chose.

(Pardon du retard, ainsi que du manque d’inspiration pour ce post Uu’)

« Vous deux, prenez une lavette dans le sceau là-bas et nettoyez-moi ces tables. »

Merdouille, encore cet éducateur. Il en avait pas marre ?
Eliacin soupira mais ne fit pas de résistance. Après tout, c’était moins cher payé qu’une retenue un mercredi après-midi, même si ça ne l’amusait pas le moins du monde. Elle allait déjà laver la discothèque, alors si on pouvait l’épargner de toucher une lavette …
Lety, ça ne la dérangeait pas, évidemment. Elle était « trop fragile et trop délicate » pour le sale boulot. Mais la jeune fille lui pardonnait. De toute façon, avec sa taille, elle n’aurait pas pu nettoyer grand chose.
Donc, elle prit le sceau, la lavette, et frotta d’une façon énergique les restes du repas chimique et peu ragoûtant de la cantine de l’école.

« Elly', on ira faire un tour dans le parc de l'école après ? Enfin si t'en a envie et si on a le temps ... »

Ha ! Une invitation ne se refusait pas. De plus, elle adorait le parc. C’était un lieu calme et beau. On y croisait rarement des imbéciles qui préféraient sortir en boîte que d’admirer ou faire une activité « intellectuelle » en ces lieux (les jeunes et la lecture, de nos jours ..).

« Oui, évidemment. Mais on n’aura qu’un quart d’heure. »

Elle ne dit pas la raison. Aprilia devait le savoir, après tout, elle étudiait également dans cette école, et les horaires de cours étaient les mêmes pour tout le monde. Non, Eliacin n'était pas une élève modèle, à part si ça se résume à dormir en classe. Mais même quand on est dans le monde des rêve, le professeur vous met présent et ça évite les disputes familiales.
Elle continuait donc de laver les tables, trouvant le travail long, qu’une voix la rappela à l’ordre.

* Hey ! Il a dit une rangée, tu n’es pas obligée de tout faire ! *

Eliacin arrêta soudain tout geste. Elle était entrain d’attaquer la rangée de tables suivante. Ce devait être l’habitude, même si elle touchait plus un balais qu’une lavette pleine de purée.
La demoiselle rangea donc le matériel de femme de ménage pour récupérer ses affaires abandonnées contre un dossier de chaise. Très bien, elle était parée.

« Bien ! On y va ? »

Dans sa voix, il y avait un peu de joie, mais elle n’écartait pas toute éventualité de malheur. Peut-être croiseraient-elles un fou du volant qui a décidé de rouler sur le trottoir, un suicidaire décidé à les entraîner dans sa chute, ou encore un terroriste kamikaze des demoiselles en noir, paré d’une multitude d’explosifs, une télécommande dans sa main tremblante par le manque d’alcool.
Les informations du soir : une jeune fille à l’hôpital, une autre morte. On a pas pu l’analyser, elle s’est décomposée en mille morceaux. Seul héritage : un sac rempli de patrons étranges.

* Vraiment tarée .. --‘ *

(Je te laisse poster au parc x). Quoi ? Oui, je suis méchante.)